Autres vues automnales

Il y a quelques jours, pendant ma pause entre mes cours, je suis allé faire le tour du campus. La végétation commence sérieusement à se ressentir de l’automne. Ce qui n’est pas sans un certain charme.

Cependant que, juste à côté, un autre chantier de construction a commencé cet été et est fort avancé grâce à la technique des panneaux de béton préfabriqués. Il s’agit d’un édifice destiné à abriter le Centre de défense des droits de l’enfance, dont les services sont destinés à travailler en partenariat avec ceux de notre institution.

Et enfin… ceux-là ne se préoccupent pas trop du rafraîchissement des températures, des nuits qui se font plus longues ou encore de nos absences occasionnelles. En attendant notre retour, ils tiennent le lit bien au chaud. Pour autant qu’il y ait des croquettes… et cette nouvelle pâtée qui leur plaît tant!

Automne

Parce que malgré tout la vie continue (et je commence à reprendre mon retard au travail), un échantillon de la vue que nous avions l’autre jours en faisant notre course à pied aux environs du Ruisseau de la boue blanche. La lumière commençait à sérieusement s’étioler, mais il en restait quand même assez pour pouvoir admirer le paysage. Les rouges vifs de la vallée du Saint-Laurent me manquent chaque automne, mais il y a quand même une beauté à cette nature quasi-sauvage en pleine ville.

Éloge funèbre

Ce paysage bucolique est l’aboutissement de deux semaines de va-et-vient frénétique amorcés le 19 septembre dernier, alors que le monde entier avait les yeux tournés vers les ors grandioses d’un pageant londonien. Peu après midi, alors que je rentrais de Red Deer puis cueillais Oyaté au centre-ville, son téléphone a sonné. C’était sa mère. Cela arrive de temps à autre et généralement c’est pour prendre des nouvelles, mais cette fois, c’était différent. Sitôt après, il téléphonait à quelqu’un d’autre et j’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas. C’étaient des nouvelles préoccupantes de son frère cadet. Pour faire court, Oyaté apprenait que son frère, dont il avait été très proche lorsqu’il était jeune, était mourant. Nous nous sommes lancés vers Calgary aussitôt que possible. Deux jours plus tard, entouré de sa famille, son frère nous quittait pour un monde meilleur. Nous sommes revenus à Edmonton, mais avons dû retourner à Calgary vendredi pour participer aux arrangements funéraires, avant de revenir à la maison et retourner à Calgary pour les funérailles qui avaient lieu mercredi dernier, pendant une journée où la météo était particulièrement glorieuse pour un après-midi d’automne.

À droite de la photo, on voit la sépulture du demi-frère aîné d’Oyaté, décédé en novembre dernier dans l’incendie (d’origine probablement criminelle) de sa demeure. À droite, son frère cadet repose depuis mercredi. Ma belle-mère est terrassée. Oyaté n’est pas vraiment lui-même. Deux décès inattendus en moins d’un an ébranlent une famille, même si ils contribuent aussi à renforcer les liens entre les survivants (Oyaté a un autre frère et deux sœurs toujours en vie). Mais je ne peux m’empêcher de constater, à la fois comme historien et comme personne extérieure à la réalité autochtone, que ces vies fauchées trop jeunes (l’un à 51 ans et l’autre à 48) ne sont que deux des trop nombreux exemples bien concrets des conséquences du colonialisme canadien. Je n’ai pas l’énergie d’expliquer pourquoi ici; j’y reviendrai probablement un autre jour. Ce blogue n’est pas la place pour m’épancher sur la vie de ces deux hommes, dont je ne connais en fait que des bribes. Je veux simplement leur rendre un humble hommage pour avoir eu le courage de vivre au quotidien. Et je tente de mon mieux de réconforter Oyaté et d’être disponible pour ma belle-famille. Et comme j’ai pris du retard dans mon travail, vous m’excuserez si je suis un peu absent de cette page durant les prochaines semaines.