Vu: émouvant

Ces jours-ci, en Alberta, il y a des gens qui paniquent. Imaginez-vous: le gouvernement néo-démocrate a décidé de rendre effective une loi (laquelle a en fait étonnamment été votée par le précédent gouvernement conservateur juste avant le déclenchement des élections du printemps dernier ) en établissant un cadre règlementaire obligeant les conseils scolaires à faire des accommodements pour leurs étudiant(e)s transgenres. Les conseils scolaires doivent se conformer à la nouvelle loi d’ici la fin du mois, en permettant la création d’«alliances gaies-hétérosexuelles» (essentiellement des clubs offrant un espace de sécurité aux jeunes qui se questionnent sur leur sexualité et qui se rencontreraient hors des heures de cours). Les conseils scolaires catholiques vocifèrent… et les groupes religieux font circuler d’immondes dépliants homophobes qui veulent évidemment «protéger les enfants». Je ne mets pas de lien ici, parce que je vais immédiatement me faire trollifier et je n’ai pas de temps à perdre avec tout ça.

Vu, donc, la fin de semaine dernière, ce petit bijou de film inspiré par la vie de Lili Elbe (précédemment un peintre paysagiste danois connu sous le nom d’Einar Wegener). Elbe fut la première personne transgenre à subir une série de chirurgies destinées à rendre son corps (masculin) conforme à son identité sexuelle (féminine). Je n’en dis pas plus sinon que c’était émouvant, bouleversant… et que ça devrait être vu par tous les sans-cœurs qui ont peur parce qu’ils ne peuvent comprendre ce que ça fait que de vivre dans le corps de quelqu’un d’autre qui n’est pas soi-même. Nous venons de louer pour revoir… et nous allons évidemment acheter le DVD.

Lien: L’histoire derrière le film (en anglais).

3 commentaires sur “Vu: émouvant

  1. Vivre dans le corps de quelqu’un d’autre, je pense (et je dis bien que c’est une pensée personnelle que tout le monde n’a pas forcément) que ça nous arrive à tous au moment de notre naissance. De même, chaque changement, de logement, d’emploi, d’environnement, nécessite un temps d’adaptation. Notre histoire, nos proches, notre personnalité, nous influencent plus ou moins.
    Évidemment, compte tenu du débat, prétendument basé sur la morale, sur « le genre » auquel nous sommes confrontés actuellement et l’importance de la sexualité dans la vie, on peut ressentir comme une véritable injustice le fait d’être incarné dans un corps ne correspondant pas à sa nature, ce que je comprends facilement.
    Alors, je vais élargir la question et demander : qu’en est-il des handicapés, des obèses, et plus généralement, des personnes au physique ingrat ou carrément disgracieux ? Les railleries courantes qu’ils essuient sont de même nature.
    Les sans-cœur dont tu parles sont légion, ce sont tous ceux qui jugent sur les apparences.

  2. Merci, krn, pour ton commentaire intelligent et intéressant 🙂 Concernant cette nouvelle loi, je pense que plus on essaye de cacher ce genre de chose, plus on le rend illégal, plus on le villifie, et plus cela rendra la situation dramatique et cruelle pour ces jeunes. Ca n’arrêtera personne, ça n’effacera rien, ça ne changera pas ce qui existe déjà. C’est comme avec l’avortement. Plus on l’interdit et plus les femmes le font illégalement, dans des situations dangereuses pour leur santé, et en plus le traumatisme en sera d’autant plus grand. C’est idiot et inutile. Autant en parler ouvertement, donner des informations utiles et saines, permettre aux gens d’exprimer leurs peurs et leurs doutes et leur douleur, toute la société en bénéficiera grandement!

  3. krn l’identité sexuelle (ou de genre) relève d’une dynamique quelque peu différente de celle des différences physiques, mais effectivement, ce qui cause l’intolérance à l’égard des transsexuels autant que des personnes physiquement différentes ressort de la même intolérance (malheureusement trop présente dans la province où je vis). Le pire, toutefois, c’est le détournement de sens que plusieurs de ces intolérants s’amusent à faire pour attirer l’attention sur eux comme cet homme vivant ici et qui a décidé de faire les nouvelles en refusant d’enlever son couvre-chef pour la prise de photo pour son permis de conduire, alléguant que «le hockey est sa religion» et donc qu’il devrait pouvoir garder son couvre-chef à l’effigie de son équipe préférée tout autant qu’une personne qui bénéficie de l’exemption de l’obligation de se découvrir pour des raisons religieuses. Pourtant, du même souffle, il affirme se découvrir pour l’hymne national ou lors de funérailles. Personne n’ose relever le racisme camouflé qui se montre dans ses propos…
    Dr. CaSo, tout à fait.

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