Sauvons (le Campus) Saint-Jean!

Source de l’image: ACFA. Cliquez sur l’image pour accéder au communiqué.

Le secteur de l’enseignement postsecondaire vit une période particulièrement difficile en Alberta; le gouvernement actuel, poussé par l’idéologie néoconservatrice qui ne répond qu’à la logique du marché capitaliste, ne cache pas son désir de «rentabiliser» ce qu’il travaille dur à dépeindre comme une activité destinée seulement aux privilégiés.

Cette réalité politique et économique est particulièrement difficile en ce qui concerne le seul établissement d’enseignement postsecondaire (à la fois collégial et universitaire) dans la province: le Campus Saint-Jean. Celui-ci fait partie de l’Université de l’Alberta, laquelle fait aussi face au besoin de compressions massives pour combler un manque à gagner de 120 millions de dollars (et c’était avant les retombées, encore inconnues, de la pandémie sur les effectifs étudiants). Le Campus fait face à un double problème financier qui ne date pas d’hier: financé en partie (et insuffisamment) via des fonds fédéraux destinés à soutenir le bilinguisme, il fait souvent face à un manque à gagner pour des raisons budgétaires internes à l’Université dont la logique kafkaïenne m’échappe. En plus, cette année, le Campus se voit interdit d’utiliser les fonds de réserve qui avaient été mis de côté justement pour faire face aux situations d’urgence. En lieu et place, on lui demande de couper drastiquement dans son budget, ce qui aurait pour effet d’entraîner l’annulation d’au moins quatre-vingts cours à partir de septembre. Autant dire qu’il devra fermer ses portes à moyen terme.

Le Campus Saint-Jean est la plus importante institution d’enseignement en français à l’ouest de Winnipeg. Non seulement jouit-il d’une réputation académique enviable, il fournit un service essentiel à la francophonie albertaine. Il sert aussi de tremplin important d’intégration éducative et économique aux nouveaux arrivants francophones. Il permet également la formation de travailleurs essentiels dans les secteurs de l’enseignement primaire et secondaire en français et dans les écoles d’immersion et en sciences infirmières, sans compter tou.te.s les étudiant.e.s qui font le passage du Campus Saint-Jean avant de compléter l’un des programmes offerts en anglais à l’Université de l’Alberta.

Si les droits des francophones en situation minoritaire au Canada, allez faire un tour sur le site de la campagne «Sauvons Saint-Jean» menée par l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA). Il n’est pas nécessaire d’être résident de l’Alberta pour participer à la campagne de lettres envoyées à nos dirigeants politiques pour maintenir la pression. Jusqu’ici, 850 personnes ont envoyé une lettre (on vous fournit une ébauche qui peut être personnalisée et des copies peuvent être envoyées à votre député provincial si vous résidez en Alberta). Jusqu’ici, surtout à cause de l’urgence mondiale présente, les progrès ont été plutôt lents, même si le dialogue se poursuit.

Merci de votre appui!

Devoir accompli

C’est aujourd’hui l’assemblée générale annuelle du Réseau santé albertain. C’est aussi aujourd’hui que se termine mon mandat à la présidence de cet organisme dont le rôle est d’améliorer l’accès aux services de santé en français dans la province. Je siège au conseil d’administration de l’organisme depuis 2011 et j’en ai assumé la présidence en 2016, un peu à pied levé.

Je m’étais engagé à remplir cette tâche pour un maximum de deux ans; les obligations de mon travail me forcent à respecter cette échéance. Aussi, il est bon d’assurer un sain renouvellement au sein des organismes, et je crois que celui-ci est maintenant en bonnes mains avec son nouveau directeur général et une planification qui le met bien en selle pour remplir son mandat au cours des prochaines années. Je quitte donc la présidence et le CA avec confiance en l’avenir.

Quel bilan tire-je de mon engagement de deux ans à la présidence du Réseau? D’abord, comme c’est souvent le cas dans ce genre de bénévolat, une prise de conscience de l’immensité de la tâche qui reste à accomplir, mais aussi de l’étendue et de la diversité des besoins dans divers coins de la francophonie albertaine.

J’ai commencé mon mandat sur les chapeaux de roues, avec une rencontre au sommet avec la Ministre de la Santé nouvellement élue en compagnie du président et de la directrice générale de l’ACFA. J’y étais pour étoffer les demandes de l’ACFA concernant les services de santé, surtout en ce qui concerne les soins prolongés et l’hébergement des personnes âgées. Il y a en effet une résidence à Edmonton, le Centre Saint-Thomas, qui a été érigé grâce aux efforts de la communauté francophone, mais qui a depuis été récupéré dans le système de santé, causant des problèmes d’accès aux francophones. La rencontre avait aussi pour but de demander la création d’un conseil consultatif francophone au sein du Ministère de la Santé (et non seulement d’Alberta Health Services). Ce dossier a fait un certain progrès depuis l’adoption, l’année dernière, d’une Politique en matière de francophonie par le gouvernement albertain, mais c’est lent. Un conseil consultatif francophone auprès du gouvernement est en recrutement, mais ce n’est pas spécifique à la santé.

Mon rôle à la présidence m’a amené à travailler plus étroitement avec des instances gouvernementales, éducatives et communautaires comme le secrétariat francophone de l’Alberta, le Campus Saint-Jean et le Centre collégial de l’Alberta, l’ACFA et quelques autres. Je me suis rendu à Grande-Prairie pour rétablir des contacts qui s’étaient faits distants avec le temps et à Calgary en vue de renforcer nos liens et éventuellement amener l’ouverture d’un bureau satellite du Réseau dans le sud de la province (ce qui devrait se réaliser d’ici la fin de l’année). J’ai aussi été présenté ex officio comme représentant de l’ouest au conseil d’administration de la Société santé en français, l’organisme national qui chapeaute les activités du mouvement santé en français (en situation minoritaire) à l’échelle du pays. Mon calendrier s’est donc assez rapidement rempli… et je dois le dire, mon travail au collège en a parfois souffert un peu.

J’ai toutefois participé à des activités enrichissantes et fait la connaissance de gens passionnés à travers la province. Les consultations du secrétariat francophone en vue de l’élaboration de la politique en matière de francophonie ont été un bel exemple d’une communauté francophone se mobilisant à divers égards. De la même manière, des initiative communautaires comme la clinique francophone de Calgary (malheureusement présentement en hiatus à cause de manque de financement) montre qu’il y a un désir de se donner les moyens de ses désirs. On espère que le Plan d’action pour les langues officielles qui commence assurera le financement gouvernemental nécessaire à la mise sur pied d’initiatives durables.

C’est à ce niveau qu’intervient mon engagement concurrent à la Société santé en français. Le Réseau santé albertain est l’un des seize réseaux qui forment la SSF, dont le siège social est à Ottawa. Le financement de la SSF provient de Santé Canada, ce qui lui donne une certaine autonomie et une complémentarité face aux autres organismes communautaires (comme l’ACFA) qui sont principalement financés via Patrimoine canadien. Le RSA travaille donc en collaboration avec ces organismes communautaires sans devoir entrer en compétition avec eux pour chercher du financement.

Le travail au sein du conseil d’administration de la SSF est complexe au sens où les enjeux de la francophonie en milieu minoritaire sont très différents selon les provinces. Deux provinces regroupent le plus gros de la population francophone hors-Québec, soit le Nouveau-Brunswick et l’Ontario et donc ils ont une certaine capacité institutionnelle renforcée par du financement et des programmes de leurs gouvernements provinciaux respectifs. Cette réalité est très différente des provinces comme l’Alberta, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique ou même la Nouvelle-Écosse, où les populations sont plus petites, plus dispersées, et non soutenues par des programmes provinciaux vigoureux. Et ne parlons pas de la réalité des francophones aux Territoires du Nord-Ouest, Nunavut, Yukon et à Terre-Neuve-et-Labrador, où la situation est plutôt désespérée. Il faut savoir que bien que le financement de la santé provienne des deux paliers de gouvernement (fédéral et provinces), la responsabilité de l’administration de la santé relève du domaine provincial, ce qui complique parfois les choses.

Le rôle de la SSF et des organismes comme le Réseau dans les provinces est de faire en quelque sorte le pont entre les gouvernements provinciaux (et/ou les agences de santé provinciales) et les communautés francophones pour améliorer l’accès aux services de santé en français. Dans certains cas, il y a de la bonne volonté; dans d’autres, une opposition viscérale à ce qu’un groupe autre que les Anglophones reçoive ce qui est considéré comme un «privilège». Il suffit de saisir que la langue d’accès constitue l’un des premiers outils des professionnels de la santé pour améliorer le diagnostic et la conformité aux traitements pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas là de privilège, mais bien de besoin essentiel pour bien des gens. La chose est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé et la langue forme avec la culture l’un des déterminants sociaux de la santé. Cependant, convaincre des décideurs politiques qui ne répondent qu’à la loi de la majorité de l’importance de cet élément est difficile. C’est le travail qu’accomplissent les divers réseaux provinciaux (et la SSF au niveau national), et cela requiert du temps, des ressources et du personnel. En plus, certains réseaux offrent des services directs à la population pour aider à l’éducation à la santé.

J’ai donc beaucoup apprécié ces deux années de bénévolat et je ne ferme surtout pas la porte à un engagement futur: cela est trop important et enrichissant au niveau personnel. Cependant, je dois prendre une pause et mesurer mon engagement dans la communauté francophone pour l’instant. Je vais donc consacrer mes efforts à la Société historique francophone de l’Alberta pour les prochaines années. Là aussi, il y a beaucoup de travail à faire et on pourrait dire que j’y ai une certaine expertise…

Assemblée générale du Réseau santé albertain 2018. Photo: Journal Le Franco.

Si vous avez Fesse-de-Bouc, vous pouvez aller ici pour me voir et m’entendre dresser un bilan très rapide au journaliste du Franco après l’AGA ce matin.

Rencontre au sommet

Hoffmann
Isabelle Laurin, directrice générale, ACFA, Jean Johnson, président, ACFA, L’honorable Sarah Hoffman, vice-première ministre et ministre de la Santé et votre pas très humble, en tant que président du Réseau santé albertain.

Sur cette photo, on peut me voir en compagnie de la directrice générale et du président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) ainsi que de la ministre provinciale de la Santé. Pourquoi? Cet après-midi, j’ai été invité par le président de l’ACFA à me joindre à une rencontre qu’ils avaient obtenu avec la ministre pour discuter des préoccupations de la communauté francophone en santé.

Mais pourquoi moi? C’est que j’ai été élu, au début du mois de juin, à la présidence du Réseau santé albertain, un organisme communautaire soutenu par la Société santé en français qui promeut l’accès aux soins de santé pour les francophones en Alberta. Son énoncé de mission est le suivant (on peut le trouver sur cette page):

En tant que chef de file, le Réseau santé albertain influe sur les décisions touchant la santé et le mieux-être tant personnel que collectif des francophones de l’Alberta. En collaboration avec les 15 autres réseaux membres de la Société Santé en français, nous agissons à trois niveaux :

  • renforcer les liens avec les intervenants du domaine de la santé pour assurer une meilleure planification, coordination, offre et évaluation des soins de santé primaires offerts en français;
  • développer les capacités des groupes de santé, des professionnels d’expression française, des organismes et des institutions francophones, afin de favoriser la prise en charge de sa santé;
  • consolider l’efficience et l’efficacité opérationnelles du Réseau, et accroître ses compétences en matière de soins de santé primaires pour mieux répondre aux besoins.

Pour atteindre ces objectifs, le Réseau a besoin de partenaires dans la communauté, et l’ACFA est indéniablement notre allié politique le plus puissant. C’est d’ailleurs l’ACFA qui, en tant que, «porte-parole de la communauté francophone en Alberta», a reconnu le Réseau santé albertain en tant que chef de file pour le secteur de la santé. C’était toutefois la première fois depuis longtemps que nous nous présentions en délégation conjointe auprès d’un(e) élu(e).

La rencontre a été très sympathique; on sent très bien le changement de climat qui s’est produit depuis la défaite des conservateurs l’année dernière. On se sent accueilli et écouté. Et on se fait accueillir à coups de «bonjour!». Décidément, l’édifice législatif s’est humanisé. Ça fait du bien.

Legisl2016Notre rencontre ne résultait pas en engagements concrets; ce n’était pas le but. On nous consulte alors que divers secteurs de l’appareil gouvernemental amorcent une réforme. Et cela s’aligne avec le projet de lancer un jour pas trop éloigné une politique des services en français en Alberta. On verra ce que l’avenir nous réserve, mais l’espoir est à nouveau permis. Disons que c’est un autre contexte que celui dans lequel je me suis retrouvé jadis au sein du conseil consultatif régional en santé dont j’ai finalement démissionné avant la fin de mon mandat.

AGA!

AGAACFARD2016C’était hier l’assemblée générale annuelle de l’ACFA régionale de Red Deer. Nous n’étions pas nombreux, mais nous avons pu en savoir davantage sur l’ensemble des activités qui ont eu lieu durant l’année écoulée, et surtout en apprendre sur les projets pour l’année à venir. Le toujours dynamique directeur Bruno Collet (assis à gauche à la table) a plein de projets d’activités pour les francophones de la région de tous âges.

Comme certains lecteurs le savent, j’ai moi-même été conseiller régional pour l’ACFA de 2008 à 2011, puis membre du conseil d’administration provincial de 2011 à 2015. J’ai choisi de ne pas me représenter afin de me consacrer à d’autres projets, notamment la Société historique francophone de l’Alberta. Ceci dit, je demeure intéressé au plus haut point par ce qui se fait localement, surtout si je peux éventuellement y contribuer.

ACFARD2016Les organisateurs avaient eu la brillante idée d’organiser l’AGA en marge des festivités de la Saint-Jean-Baptiste locale, qui a attiré un bon nombre de participants. Ici, la pause souper était en marche et les festivités pas encore vraiment commencées.

ACFARD bouffeLa nourriture abondante se préparait juste à l’extérieur de Festival Hall, l’endroit où avait lieu la fête. Au barbecue: Charles et Nicole Leclair, fiers franco-albertains originaires du Manitoba, et propriétaires du restaurant ABC Country local.

ACFARD Les LeclairLeur engagement dans la communauté francophone locale ne se dément pas: ils répondent toujours présents!

Retour et traumatismes

Retour Fort Mac
Photo: Radio-Canada. Cliquez sur l’image pour accéder au site original.

Depuis le 1er juin, c’est le retour progressif pour les résidents de Fort McMurray qui ont été évacués au début du mois de mai à cause d’un incendie de forêt massif (qui continue toujours à brûler, d’ailleurs, ayant consumé à ce jour au-delà de 580 000 hectares (soit 5800 kilomètres carrés) de forêt). Ce retour par phases (selon les quartiers) s’est fait dans le calme, selon les rapports, mais tout n’est pas rose pour les évacués, surtout ceux qui ne peuvent que retrouver de leur maison qu’un solage et des débris recouverts d’un agent chimique destiné à éviter que les cendres toxiques s’envolent.

Photo: Mathieu Simard, Radio-Canada. Cliquez sur l'image pour accéder au site original.
Photo: Mathieu Simard, Radio-Canada. Cliquez sur l’image pour accéder au site original.

Cette maison est l’une des rares du quartier central à être partie en fumée. Par contre, il y a des quartiers où c’est l’ensemble des maisons qui ont été incendiées. Le choc psychologique s’étendra probablement sur plusieurs mois, à mesure que les gens arrivent à reconstruire leur vie.

Angélina Gionet
Angélina Gionet, directrice de l’ACFA régionale de Wood Buffalo. Photo: Radio-Canada. Cliquez sur l’image pour accéder au site original.

Au cours des dernières semaines, la communauté francophone s’est elle-aussi ralliée pour venir en aide aux sinistrés. La directrice de l’ACFA régionale de Wood Buffalo, Angélina Gionet, a entre autres joué un rôle primordiale, du bureau en exil de l’association, à la Cité francophone d’Edmonton. Elle rentre maintenant pour constater les dégâts et reprendre les rênes de l’Association pour continuer à desservir les francophones du nord-est. Bon courage!