Fraises d’hiver

Comme vous le savez, l’hiver ici s’éternise en s’allongeant. Et moi, je termine un rhume qui m’a tenu au lit une bonne partie de la journée. Comment, dans pareil cas, résister à la tentation de barquettes de fraises importées de Californie qui vous crient leur désir de se faire dévorer à l’entrée de l’épicerie? Même lorsqu’il s’agit, comme Daniel Pinard, les nomme si bien, de «fraises Mitsou»?

J’ai baptisé ainsi ces fruits, qu’on nous propose en plein cœur de l’hiver. Importées bien sûr de la Californie, la Mecque de l’emphase, elles ravissent l’œil fatigué du frimas. On voudrait s’y blottir. On mord tout doucement dedans. On les découvre vides et sans goût. Elles ne sont rouges qu’en surface. Mûries artificiellement, leur pulpe est restée blanche. Et pourtant, les fraises Mitsou m’enchantent malgré tout par leur côté «kitsch» et clinquant qui convient on ne peut plus au New York Cheesecake. Voilà pourquoi je n’hésite pas à recourir à leurs charmes factices. (Daniel Pinard, Les pinardises (Montréal, Boréal, 1994), p. 270.

Transgéniques au possible, ces fraises ont dorénavant moins de goût de carton, mais je suis très conscient qu’elles sont cueillies encore blanches (sinon vertes), qu’elles sont gazées au point d’emballage pour stopper leur mûrissement, puis regazées près de leur lieu de distribution, cette fois pour les faire rougir et attirer le client. Les bananes et bien d’autres fruits importés subissent le même sort.

Donc, les fraises de Californie qu’on nous offre ici à l’année n’ont plus tout à fait le même air blafard à l’intérieur. Cependant, elles ne sont pas aussi juteuses que les fraises locales (si difficile à trouver dans les supermarchés, même en saison!), ce qui aurait exigé de ma part une petite adaptation à la recette de «tarte aux fraises à l’anglaise» de Jehane Benoît que j’ai utilisée. Je vous la reproduit ici telle qu’imprimée dans Jehane Benoît, L’encyclopédie de la cuisine (Brimard, ÉRPI, 1991), p. 527:

  • Pâte sucrée à la française (bon, ici, je me suis contenté de suivre ma recette habituelle de pâte à tarte).
  • 1 litre (4 tasses) de fraises
  • 45 ml (3 c. à soupe) de fécule de maïs
  • 125 ml (½ tasse) de sucre
  • 15 ml (1 c. à soupe) de jus de citron

Abaisser la pâte et en foncer un moule à tarte. Faire cuire et laisser refroidir. Laver et équeuter les fraises. Réserver 500 ml (2 tasses) des plus belles fraises [soit assez de fraises pour garnir la surface de la tarte]. Écraser les 500 ml (2 tasses) qui restent. Ajouter la fécule de maïs, le sucre et le jus de citron. Cuire à feu doux en brassant sans arrêt jusqu’à ce ce que le mélange soit lisse et crémeux. Laisser refroidir. [C’est ici que l’usage de fraises Mitsou pose problème: comme elles ont peu de jus, il aurait fallu réduire la quantité de fécule et peut-être ajouter un peu de jus de canneberges, car le mélange était un brin trop pâteux pour élégamment napper les fraises.] Disposer joliment les fraises dans le fond de tarte cuit. Glacer avec le mélange de sucre et de fraises [cuites]. Réfrigérer.

Au moment de servir, fouetter 250 ml (1 tasse) de crème à 35% (crème à fouetter) avec 50 ml (¼ de tasse) de sucre et 15 ml (1 c. à soupe) d’essence de vanille. Garnir la tarte de cette crème fouettée.

Oyaté a bien aimé. À reprendre cet été… autant que possible avec des fraises locales, même s’il faut aller les cueillir nous-mêmes!

22 commentaires sur “Fraises d’hiver

  1. Puis-je suggérer de remplacer le sucre blanc par de la cassonade? Ma mère fait quelque chose fort semblable à ta recette, mais c,est de la cassonade au lieu du sucre blanc…

    Et je pense même que du sirop d’érable ajouterait à la cochonceté décadente de la chose!

  2. Ami Boris , ton idée de cassonade est intéressante …
    Mais …. quant à  » la cochonceté décadente  » …. tu dois savoir que c’est sous Copyright Brainstorming !!! 😉
    Tous droits réservés ,dans le monde , y compris en Iran et en Arabie Saoudite ……
    Licence PigbrotherhÔÔd .

    Ps : …. J’ai quand méme 416 visiteurs en IRAN !!!!! Que fout Ahmanidejab ?( orthographe phonétique ) Je vais me faire un Turban au Bacon 😀

  3. Boris, l’un ou l’autre sucre pourrait effectivement être intéressant, surtout pour des fraises Mitsou. Avec des fraises fraîches, c’est la saveur de fraise qui importe; donc, le sucre importe beaucoup moins. Quand au sirop d’érable, il est probablement préférable de l’utiliser comme garniture au moment de servir que de l’intégrer à la préparation de la tarte; sinon, sa saveur serait perdue. Pour que la tarte ait un goût d’érable, il faudrait utiliser du sucre d’érable… mais comme il coûte de dix à vingt fois ce que coûte le sucre blanc…

    Patton, noté. Ces visiteurs d’Iran, je suppose qu’ils vont sur ton blogue pour les articles de fond?

  4. Désolé ! Je raméne ma fraise à tort et à travers ( de porc ) ……

  5. On va finir par t’appeler Thérèse… (je ne suis pas sûr que la référence culturelle te dise quelque chose)…

  6. ?? en effet , je percute pas .
    Je connais Thérése de Lisieux , Thérése du Film culte  » le Pére Noël est une ordure  » ,
    Thérése de la chanson grivoise des étudiants en médecine ….
    Affranchis moi !!! 😉

  7. Il y avait, lorsque j’étais enfant, une chanson populaire qui avait pour paroles (entre autres), «c’est ma tante Thérèse, qui se montre toujours la fraise»… Je n’arrive malheureusement pas à la retrouver par une recherche rapide dans les ressources insondables de la Toile.

  8. Effectivement pour le goût les fraises made in USA peuvent laisser à désirer, mais l’aspect de cette tarte est drôlement appétissant.

  9. Dr. CaSo, après le McDo, les fraises transgéniques importées… Décidément, tu veux absolument défaire les illusions de tes lectrices et lecteurs? Enfin… heureux que nos fraises oubliées dans ton réfrigérateur te permettent un petit plaisir!

    Beah, comme cette tarte peut se réaliser en toute saison… elle peut donc être plus goûtue. Évidemment, ici, c’est une tentative de déjouer les blues de mars.

  10. Tu sais ce qui aurait été délicieux, aussi? Un petit fond de tarte en crème au citron (comme pour mes carrés au citron), juste pour donner un petit goût frais, avant d’y déposer les fraises 🙂

  11. belle tarte, ça fait rêver en effet entre 2 tempêtes de 30 cm de neige… même si je n’encourage pas la consommation de denrées importées hors saison 😉

  12. C’est curieux, on dirait que la touche «e accent grave (è)» de l’ami Patton s’est inscrite sur la liste des abonnés absents de son clavier d’ordinateur! À moins bien entendu qu’une nouvelle directive des doctes accadémicienNEs rendant «anathéme» cette lettre à la diacritique de gauche ne se fusse point rendue jusque de côté-ci de l’Atlantique. Un effet des vents contraires, je présume…

  13. Qui sait? Peut-être que les tendances du Président de l’Autre Côté ont influencé l’orthographe au point tel que les penchants à gauche sont désormais interdits?

  14. Doréus: Je cherchais la même chanson « Ma tante thérèse » et j’ai trouvé quelque chose. Si vous le voulez, je peux vous envoyer ça par courriel! :o) bye Éric du Québec

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